Vous connaissez la phrase célèbre de Simone de Beauvoir ? Le castor de JP Sartre.
Quelle est la psychogénéalogie de Simone de Beauvoir et que signifie cette phrase ? J’ai cherché sa signification dans sa généalogie à l’aide d’une constellation familiale selon Bert Hellinger. En réalité, elle parle de sa soeur.
On ne naît pas femme, on le devient
Voici l’extrait du deuxième sexe tiré d’un lien citant « le deuxième sexe »
On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu’il existe pour soi, l’enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié. Chez les filles et les garçons, le corps est d’abord le rayonnement d’une subjectivité, l’instrument qui effectue la compréhension du monde : c’est à travers les yeux, les mains, non par les parties sexuelles qu’ils appréhendent l’univers. Le drame de la naissance, celui du sevrage se déroulent de la même manière pour les nourrissons des deux sexes ; ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs ; la succion est d’abord la source de leurs sensations les plus agréables ; puis ils passent par une phase anale où ils tirent leurs plus grandes satisfactions des fonctions excrétoires qui leur sont communes ; leur développement génital est analogue ; ils explorent leur corps avec la même curiosité et la même indifférence ; du clitoris et du pénis ils tirent un même plaisir incertain ; dans la mesure où déjà leur sensibilité s’objective, elle se tourne vers la mère : c’est la chair féminine douce, lisse élastique qui suscite des désirs sexuels et ces désirs sont préhensifs ; c’est d’une manière agressive que la fille, comme le garçon, embrasse sa mère, la palpe, la caresse ; ils ont la même jalousie s’il naît un nouvel enfant ; ils la manifestent par les mêmes conduites : colères, bouderie, troubles urinaires ; ils recourent aux mêmes coquetteries pour capter l’amour des adultes. Jusqu’à douze ans la fillette est aussi robuste que ses frères, elle manifeste les mêmes capacités intellectuelles ; il n’y a aucun domaine où il lui soit interdit de rivaliser avec eux. Si, bien avant la puberté, et parfois même dès sa toute petite enfance, elle nous apparaît déjà comme sexuellement spécifiée, ce n’est pas que de mystérieux instincts immédiatement la vouent à la passivité, à la coquetterie, à la maternité : c’est que l’intervention d’autrui dans la vie de l’enfant est presque originelle et que dès ses premières années sa vocation lui est impérieusement insufflée.
La généalogie de Simone de Beauvoir
Voici sa généalogie, glanée sur geneanet :
Son grand-père maternel était un riche banquier qui a fait faillite. Le mariage de sa fille Françoise et de Georges de Beauvoir était un mariage arrangé, entre banquiers et aristocrates.
- Du côté de sa mère, un oncle, Hubert est mort pour la France de la grippe espagnole en hôpital militaire, après la naissance de Simone.
- Du côté de son père, sa grand-mère paternelle, Léontine, est morte jeune, tout comme une tante, nommée Hélène, comme une deuxième tante et sa sœur. Son père disait de Simone qu’elle avait un « cerveau d’homme », mais je n’ai pas trouvé d’homme mort dans sa famille.
Elle se lie d’amitié avec Jean Paul Sartre avec qui elle n’aura pas d’enfant vivant (elle a signé le manifeste des salopes ayant avorté). Ils ont tous les deux adoptés sur le tard une personne adulte et ont eu de nombreuses relations sexuelles avec des personnes plus jeunes, garçons ou filles.
Normalement, l’aînée s’identifie plutôt à une personne du côté maternel, sauf en cas de fille à papa et la cadette à quelqu’un du côté du père, sa mère Léontine ou sa sœur Hélène dans notre cas. J’aurais plus facilement compris cette déclaration dans la bouche de JP Sartre qui était identifié à une fille et qui fut habillé ainsi dans sa jeunesse.
La constellation familiale selon Bert Hellinger de Simone de Beauvoir
Mettons en place la famille maternelle, puis paternelle, puis le système de Simone.
La famille riche maternelle
Commençons par la famille maternelle : le grand-père Gustave, la grand-mère Lucien, la mère Françoise et le frère Hubert. Le grand-père et la grand-mère se mettent face à face. Comme la grand-mère était très pieuse, je fais appel à Dieu qui se place à sa droite. Comme son mari lui demande si elle croit en Dieu, elle répond non. Elle est peut-être allée au couvent contre son gré.
La première fille, Françoise, la future mère de Simone, se place à la droite de sa mère, se prenant pour sa mère. Elle s’identifie avec sa grand-mère maternelle qui s’appelait aussi Françoise, morte à 68 ans et qui délaissa sa fille. Je la change de place et la met à la gauche de sa mère. François n’a pas besoin de Dieu non plu, alors qu’elle était très pieuse. Dieu remplace souvent la mère.
Le deuxième enfant, Hubert, qui mourra en 1919, se place à la gauche de son père. C’est comme une bataille rangée entre les garçons et les filles.
Passons du côté du père de Simone.
La famille aristocrate paternelle
Commençons par Léontine, la grand-mère paternelle morte à 44 ans, quand son fils avait 14 ans. Elle tourne autour de Lucie et de Françoise et se place à la gauche de Françoise, comme si elle était une sœur.
Hélène, sa première fille morte à un an, vient à côté de sa mère. Comme je trouve bizarre qu’elles se mettent du côté de la famille maternelle alors que je n’ai pas fait venir Gustave, le père de Simone, je leur demande si c’est l’argent qui les intéressent…. La réponse est unanime !
Georges vient ce placer devant tout ce beau-monde. Il était joueur et voulait sûrement être vu de tout le monde. Il se place du côté de sa riche belle-famille plutôt que de sa famille aristocratique. Il a du sentir l’odeur de l’argent.
Comme il demande à sa famille si le plus important est l’argent ou lui, sa mère répond « l’argent pour toi ». Cela ne le satisfait pas.
Georges et Françoise, Simone et Hélène
Je présente les futurs parents l’un à l’autre et ils se plaisent, conformément à l’histoire. Puis arrive Simone, qui rapproche les parents. Léontine, la grand-mère paternelle vient se placer à côté de Simone, qui est donc sûrement identifiée à sa grand-mère paternelle morte jeune et qui a perdu sa première fille, Hélène. Sa fille Hélène la suit et s’appuie sur elle. Nous avons la configuration bizarre suivante….
La mort de Léontine n’affecte pas Simone, celle de l’oncle paternel Hubert non plus mais elle touche Hélène, la tante paternelle qui n’a rien à voir avec lui et Georges, ce qui est compréhensible car c’est sa sœur. Une personne joueuse ou dépendante est une personne qui veut mourir, ce peut être le cas de Georges qui veut rejoindre sa sœur.
Je fais venir la parole « on ne naît pas femme, on le devient » et elle se place auprès de la tante Hélène, morte à 1 an. La mort de l’oncle, mort à 32 ans lui fait aussi quelque chose. En faisant venir Hélène, la sœur cadette de Simone, elle se place aussi à côté de sa célèbre phrase.
Jean Paul et Simone
Jean Paul se place à la droite de Simone. Il lui demande si elle est une femme et elle confirme. Comme je lui fais demander si c’est depuis sa naissance, elle ne sait pas répondre. Je lui fais préciser « être femme, c’est être une femme ou avoir envie de vivre ? » Et elle répond « avoir une envie de vivre ». Elle confond sa vie et son sexe. Quand elle dit que « Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre, elle se sent femme si elle est vue comme femme. Cela arrive souvent chez les personnes qui ont perdu un frère ou une soeur, ce qui n’est pas, a priori, le cas de Simone de Beauvoir.
En conclusion : être ou ne pas être
Simone philosophe et ne parle pas d’elle. Elle semble préoccupée par sa sœur qui peut être intriquée avec le destin de sa tante Hélène et de son oncle Hubert. C’est normal car elle se prend pour sa mère, identifiée avec Léontine. Elle la déshéritera et déclara qu’elle n’avait aucun talent.
Il semble qu’il s’agisse plus d’une question de vie ou de mort qu’une question de sexe. Il se pourrait que ses parents aient perdu un enfant… Dans ce cas, la question n’est pas d’être ou de ne pas être une femme, mais d’être ou de ne pas être, tout simplement. Identifiée à sa grand-mère qui a vu la mort de sa première fille, elle a préféré en adopter une pour ne pas voir sa mort.
Et comme toute bonne philosophe, elle nie ses besoins personnels, est morbide et se perd dans des déclarations sur le stade anal de l’enfant alors qu’elle n’en a jamais eu, tout comme sa sœur… Cela arrive que des femmes qui n’ont pas d’enfant en adoptent pour se sentir femme. La contre croyance est « je suis une femme, même si je n’ai pas d’enfants vivants ».
Pour aller plus loin
- Une interview de Simone par JL Servan Schreiber où elle déclare « on inscrit dans son corps ce qui apparaitra plus tard comme son destin ».
- L’histoire de la dot de la mère de Simone sur le site du Maitron.
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