Voici un texte sur la compassion de Bert Hellinger, extrait de son livre A la découverte des constellations familiales : De la théorie à la pratique,paru aux Editions Jouvence.
Lorsque nous découvrons les destins de certains participants liés à leur famille, à une maladie ou un handicap, nous sommes tentés de partager leur peine. Comment se porte alors celui qui souffre ? Il éprouve de la gêne à montrer son malheur puisqu’il constate qu’il entraîne les autres dans sa souffrance. Et ceux qui en ont pitié lui retirent de la force. C’est un processus étrange. Celui souffre en est affaibli, tout comme celui qui compatit. Tous deux sont affaiblis.
Nous agissons sous l’emprise d’une idée communément partagée selon laquelle la souffrance est grave. Pourtant, nous n’en savons rien. Nos critères sont superficiels et arbitraires ; la réalité nous reste inaccessible.
Ainsi, celui qui aide doit se garder de la compassion, qui le prive de ses forces. Pour préserver sa propre force et celle de la personne qui souffre, il doit simplement se tenir à ses côtés dans une attitude de respect et s’abstenir de toute intervention. Il s’agit d’une présence silencieuse. Nous y parvenons en étant, au fond de nous, en harmonie avec le monde tel qu’il est, avec ses souffrances, ses luttes et la fin inhérente à toute chose. Parfois, la capacité d’aider émane de cette communion avec la profondeur de l’existence. Elle n’appartient pas à celui qui aide, mais elle vient de l’harmonie entre le client qui souffre et celui qui aide; tous deux sont en accord avec le monde tel qu’il est.
Les destins peuvent être modifiés si tel est le souhait du destin lui-même. C’est pourquoi celui qui aide reste serein, peu importe l’issue, que son aide représente un progrès pour le souffrant, lui apporte un effet bénéfique ou lui permette simplement de faire face à sa maladie ou à son destin avec une sérénité accrue.
Participante: si je suis témoin d’une expérience de quelqu’un qui me rappelle fortement ma propre histoire et que je commence à pleurer, cela se passe plutôt en moi. Je ne pleure pas à cause de l’autre et je ne le prive pas de sa force, n’est-ce pas ?
Hellinger : c’est exact. Si je suis ému par les souffrances d’autrui, je les ressens en tant qu’être humain. Cela n’a rien à voir avec la pitié. Dans ce cas, nous sommes en quelque sorte logés à la même enseigne.
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