6 réflexions au sujet de “L’adoption”

  1. Bonjour,

    Nous cheminons vers une adoption que nous voudrions idéalement nationale mais qui sera peut-être internationale au vu du faible nombre d’enfants adoptables en France.
    Cette vidéo m’a donc interpellée.

    Vous écrivez que la position de Bert Hellinger quant à l’adoption est « particulière ». Est-il possible de développer? Sur quels écrits pouvons-nous nous appuyer? Que pensent les autres praticiens? Et surtout, quelles problématiques, intrications, particularités voyez-vous lors des constellations impliquant des cas d’adoption?

    Quel est votre avis sur une constellation AVANT l’adoption?

    D’avance merci.

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    • Dans l’adoption, il est essentiel que les adoptants honorent les parents de l’enfant qu’ils veulent adopter.
      – Quand les enfants appellent les parents adoptants papa et maman, cela crée une confusion dans la tête de l’enfant. Une personne à qui je demandais de prendre une représentante pour sa mère m’a répondu « laquelle ? »
      – L’adoption est quelquefois liée à la notion de suicide, soit de l’enfant adopté, soit d’un enfant biologique des adoptants. J’en ai fait l’expérience à Tahiti où les enfants Faamu sont courants. Une personne qui avait adopté la fille d’un homme violent avait une fille biologique suicidaire.
      – Les adoptants ont souvent perdu des enfants qu’ils confondent avec l’enfant adopté. Un enfant coréen avait du mal à partir de ses parents adoptants qui avait perdu un enfant.
      – J’ai vu le cas d’une femme en colère contre l’enfant qu’elle avait adopté alors qu’elle plaçait l’enfant auprès de la mère. Elle reprenait la colère de la mère biologique.
      – Une autre fois, j’étais le mari adoptant en colère contre sa femme. Dès que l’enfant adopté s’est appuyé sur ses parents biologiques, la réconciliation a été possible.
      Le plus simple serait de ne pas adopter et d’accepter de ne pas avoir d’enfants. La question est plus de savoir qu’elles sont vos motivations….
      Si vous voulez, je peux rechercher si j’ai un écrit de BH sur le sujet.

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  2. Un grand merci d’avoir pris le temps de me répondre.

    Votre réponse appelle d’autres questions et la fin me laisse perplexe. « Le plus simple serait de ne pas adopter et d’accepter de ne pas avoir d’enfants » (?). Je trouve cette conclusion abrupte après la lecture des exemples que vous donnez en ce que les faits rapportés n’étayent pas, à mon sens (peut-être pas très objectif certes), cette conclusion. En effet, sans mettre de gradation dans les souffrances, les problématiques citées en exemple ne me semblent pas « plus terribles » que d’autres que l’on retrouvent dans des familles biologiques (désolée, je pense que l’écrit, un peu trop direct, ne rend pas toutes les nuances de mon propos).

    En fait, quand je vous lis, je me demande si le plus simple ne serait pas de ne pas avoir d’enfant tout court et ce pour tout le monde, adoptif ou biologique. A moins que les problématiques rencontrées en constellations relatives à l’adoption n’aboutissent jamais à aucun apaisement?

    Or vous dites aussi que la réconciliation est généralement possible quand l’enfant peut s’appuyer sur ses parents biologiques. La question me semble donc être plus celle de la posture des adoptants (et, en effet, de leurs motivations, même si la problématique de « l’enfant de remplacement » se pose aussi en dehors des contextes d’adoption) et en cela, je comprends tout à fait votre préconisation quant au fait qu’il est essentiel que les adoptants honorent les parents biologiques. Personnellement, ça me semble une évidence, non seulement parce que ces deux personnes auront transmis la vie à mon enfant, mais aussi tout simplement par respect pour leur être, leur humanité et leurs parcours/choix que je n’ai pas à juger.

    Enfin, je voudrais revenir sur votre exemple: « Une personne à qui je demandais de prendre une représentante pour sa mère m’a répondu « laquelle ? » »
    => cette question témoigne certes d’une confusion mais celle-ci peut-être due au contexte. J’explique: j’arrive avec une question relative à ma place, ma famille, mes origines. J’explique que je suis adoptée. Vous me dites de prendre une représentante pour ma mère. Ma question serait également « laquelle? ».
    Le même cas pourrait se poser avec une grand-mère: « laquelle »? Vous auriez alors précisé: maternelle ou paternelle sans forcément vous dire que la personne était dans la confusion.

    Sur la vidéo, la position d’Hellinger semble claire sur le sujet… néanmoins, des écrits pour aller plus loin m’intéressent. De même que des voix différentes de constellateurs. Pas pour entendre le son de cloche qui m’arrangent mais parce que la question mérite d’être creusée.

    Merci beaucoup. Même si je contre-argumente, notez que j’accueille ce que vous m’avez répondu et nous allons cogiter là-dessus!

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    • Je pense que le mieux serait de faire une constellation familiale de votre cas personnel.
      J’ai trouvé la réponse de BH dans une interview dans son livre « Constellations familiales » intitulé « La place des enfants est chez leurs parents »

      Je me souviens d’un cas lors de l’un de vos séminaires. Il s’agissait d’une femme qui avait adopté deux enfants avant d’en mettre elle-même deux au monde. Vous avez interrompu la constellation en faisant la remarque suivante : « Qui fait fausse route depuis trop longtemps ne peut plus revenir en arrière ». Bon nombre de personnes présentes en ont été choquées..
      .
      Le choc vient de la prise de conscience du réel.
      Vous êtes d’avis que l’adoption est contraire à cet ordre sous-jacent que vous ne cessez d’évoquer. Pourtant, dans notre société, l’adoption passe pour être un acte social. Les parents adoptifs jouissent de la considération générale…
      Adopter des enfants parce qu’on ne peut pas en avoir, c’est une intervention grave dans les ordres fondamentaux des familles, car la place des enfants est chez leurs parents. On conseille parfois aux jeunes mères de faire adopter leur enfant plutôt que d’avorter. On les aide dans ce sens. Je trouve cela grave.
      Il faudrait bien plutôt les inciter à prendre leurs responsabilités vis-à-vis de l’enfant. Et si elles ne peuvent, pas plus que le père, s’en occuper, il faudrait voir si les grands-parents ou d’autres membres de la famille sont en mesure de le faire provisoirement. L’enfant reste ainsi en famille jusqu’à ce que ses parents puissent le reprendre. Mais je tiens pour une faute grave de faire adopter l’enfant ou que d’autres le prennent sans nécessité absolue.
      L’adoption se justifie quand l’enfant n’a plus personne. Quand, par exemple, les parents sont morts ou que l’enfant a été abandonné. Il est alors légitime et grand de le prendre et de l’élever. Mais il ne faut en aucun cas adopter des enfants à la légère ou les retirer à leurs parents ou grands-parents. C’est un triple péché : contre l’enfant d’abord, à qui on prend ses parents et sa famille ; contre les parents ensuite, auxquels on prend l’enfant, en profitant de la situation ; contre cette loi, enfin, qui veut que chacun assume les conséquences de ses actes et son destin.
      Prenons le cas des enfants du tiers monde qui grandissent dans la misère. De bonnes âmes cherchent à les sauver, à leur offrir une vie meilleure. Mais, ce faisant, secourent-elles vraiment ces enfants et leurs familles ? En effet, elles ne leur permettent pas d’assumer le destin qui est le leur. Or, assumer son destin, cela fait partie de la dignité de la personne.
      On observe que l’adoption s’accompagne toujours d’une perte dans le domaine personnel. Cela veut dire que l’âme des parents adoptifs ressent l’adoption comme une faute. Il arrive que l’un de leurs propres enfants meure. On a même vu des mères adoptives avorter. L’enfant qu’elles auraient dû avoir est alors sacrifié. Et il est fréquent que des parents adoptifs se séparent. En ce cas, c’est l’un des conjoints qui est sacrifié.
      Il y a pourtant des centaines et des milliers de cas où l’adoption réussit. Nombre de familles adoptives, parents et enfants, vivent dans le bonheur.
      Je ne parle que des cas d’adoption non justifiée, quand, par exemple, on veut avoir un enfant pour soi, plutôt que de l’aider dans ses besoins réels. Je suis contre l’abus de l’adoption.
      Lorsqu’un enfant adopté voit qu’il ne trouve ni aide ni soutien auprès de ses parents naturels, il peut les reconnaître en tant que parents, mais il sait que seuls ses parents adoptifs sont en mesure de l’éduquer et de le former. Il honore alors aussi bien ses parents naturels que ses parents adoptifs. Mais dans le cas où l’enfant adopté prend un mauvais tournant (parce qu’il aura été adopté à la légère ou qu’on lui aura dit du mal de ses parents naturels), alors les parents adoptifs ne peuvent plus revenir en arrière. Il leur faudra supporter les conséquences de leur choix comme on le fait d’une faute.
      Vous êtes donc d’avis que l’adoption doit être mûrement réfléchie…
      En effet. Je plaide pour la famille d’accueil plutôt que pour l’adoption. Les enfants ont alors une chance de pouvoir retourner chez leurs parents. Ce n’est pas le cas dans l’adoption.
      Le problème, c’est que les parents nourriciers s’attachent à l’enfant et vivent dans la crainte perpétuelle qu’on le leur retire. Ils n’ont aucun droit…
      S’ils s’occupent bien de lui, ils n’ont aucune crainte à avoir.
      En ce qui concerne l’adoption, votre point de vue n’est pas celui de l’opinion générale pour qui prévaut l’aspect social du problème, pour qui les parents adoptifs passent avant les parents naturels.

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