Connaissez-vous la pièce de Shakespeare Richard III, écrite en 1591, d’un monstre sanguinaire qui tue tout le monde sur son passage, son frère et ses neveux, avant d’être lui-même tué ?C’est une pièce de théâtre très compliquée avec une trentaine de personnages, sans parler de son cheval qu’il aurait bien échangé contre son royaume. Voici la constellation après avoir éclairci son très riche contexte historique et son synopsis.
Le contexte historique : les plantagenêts, se divisent en Lancastres rouges et York blancs et sont remplacés par le Tudor Henri VII
Cette période du moyen âge, de 1350 à 1450, fut fortement marquée par les guerres entre anglais, avec la France et la peste noire. C’est aussi pendant ce temps-là que la reconquista de l’Espagne eut lieu, Grenade tombant en 1492. En Angleterre, les Plantagenêts règnent depuis 1154 et se divisent entre Lancastres et Yorks à partir d’Henri IV.
La guerre des deux roses, entre les Lancastre et les Yorks, tous deux des Plantagenets, eut lieu de 1455 à 1485, les Lancastres ayant comme emblème la rose rouge et les York la rose blanche. Notre héros Richard III fut le dernier des Plantagenêts, remplacé par un Tudor, Henri VII en 1455.
Les Lancastres rouges : d’Édouard III à Henri VI
Leur règne fut très chaotique :
- Édouard III (1312 – 1377), règne pendant 50 ans, dans une Europe en crise économique et sociale qui bascule dans la guerre de Cent Ans (1337 – 1453) et subit les ravages de la peste noire qui a tué entre 30 et 50 % de la population européenne en cinq ans (1347–1352) faisant environ vingt-cinq millions de victimes. Il dépense beaucoup d’argent pour sa guerre contre la France où les échecs succèdent aux victoires initiales (à Crécy).
- Richard II, son petit fils, (1367-1400), lui succède à 11 ans et doit faire face à des révoltes paysannes en 1381 et religieuses avec John Wycliff. Il se fait déposer un an avant sa mort en prison à 33 ans par Henri IV, son cousin fils de Jean de Gand.
- Henri IV acheva son règne dans un chaos fiscal et personnel : lèpre, descente du rectum et maladie vénérienne.
- Henri VI prit sa succession, et fut capturé et emprisonné. Il perdit la raison une année après Charles VI, roi de France. C’était le père d’Edouard de Westminster, mari d’Anne Nevile femme de Richard III, dernier des Yorks.
Anne Neville ou lady Anne, veuve d’un Lancastre et femme du York Richard III
Anne Neuville, dite lady Anne, 1456 – 1485, est la veuve d’Edouard de Westminster (1453 – 1471), et s’est mariée avec Richard III en 1472. Son père Warwick la fiance enfant à Richard, le plus jeune frère du roi Édouard IV, puis, par la suite, arrange son mariage avec Édouard, le fils du roi Henri VI, celui qui a perdu la tête. Après la mort d’Édouard et de Warwick, elle se marie à Richard. Elle fut donc veuve d’Edouard de Westminster, fils d’Henri VI et qui se fit assassiner par Édouard IV, roi au début de la pièce de William. Voici un schéma pour vous y retrouver… Le Lancastre Henri VI fut roi deux fois, interrompu par le York Edouard IV, frère de Richard III. Elle devient reine quand Richard III récupère la couronne, en juin 1483, et décède en mars 1485, cinq mois avant que Richard III ne soit tué à la bataille de Bosworth. Son fils unique, qu’elle eut avec Richard, Édouard de Middleham (1473-1484), est mort un an avant elle.
Les York blancs
Richard Plantagenêt, le duc d’York gouverna pendant 2 ans, protecteur de Henri VI avant d’être congédié. Il déclara les rois de Lancastre usurpateurs et combattit avec d’autres barons dans la guerre des 2 roses. Il fut tué dans une bataille avec son fils Edmond mais son fils Édouard continua contre Henri et sa femme marguerite d’Anjou, la rose rouge. Il devint roi sous le nom de Edouard IV, premier de la dynastie d’York, la blanche. Cécile Neville, la femme de Richard est une Lancastre, descendante de Jean de Gand, devenue York par son mariage.Les chiffres indiquent l’ordre de succession des rois. Edouard IV a été précédé et suivi d’Henri VI, puis ce fut le tour d’Edouard V pendant 2 mois, et Richard III pendant 2 ans. En 1483, Edouard IV meurt, tout comme son fils Edouard V. Richard III meurt le 22 aout 1485, 5 mois après Lady Ann 2 ans plus tard. Leur fils, né en 1473, était mort un an plus tôt.
Richard III le dernier York
Le York Édouard IV, à sa mort, avait 2 fils, Édouard V, 12 ans et Richard, 9 ans. Richard, duc d’York se fit couronner sous le nom de Richard III et fit assassiner ses deux neveux. Il se fit battre par le compte de Richmond, futur Henri VII, souverain de la dynastie Tudor, père d’Henri VIII qui créa l’église anglicane.
La pièce de Shakespeare
Elle commence en 1471 par l’enterrement de Henri VI, tué, tout comme son fils par Richard duc de Gloucester dans la pièce de Shakespeare, mais non conforme à l’histoire. Le reste de la pièce comprend l’assassinat de Clarence, le frère d’Edouard IV en 1478, la mort d’Edouard IV, le couronnement de Richard III, la mort de Lord Grey et du compte Rivers en 1483 et la mort de Richard III en 1485, faute de cheval.WS fait un lien entre la mort de Clarence et de celle d’Edouard IV qui eut lieu 5 ans auparavant. Il occulte aussi la mort de son fils et de sa femme Ann. Passons à la constellation pour peut-être y voir plus clair.
La constellation familiale de Richard III
Je l’ai beaucoup simplifié et je me suis concentré sur les deux Roses, Richard III et sa femme Anne Neuville. Commençons par mettre en place les Lancastres, les Yorks dont Gloucester, le futur Richard III
L’Angleterre, le lancastre Henri VI et le York Edouard IV
Ils se mettent côte à côte : l’Angleterre, Édouard IV qui se tient un avant-bras et Henri VI. L’Angleterre se sent bien avec eux car ils la respectent. Viennent leur femme respective :
- Marguerite d’Anjou vient à la droite d’Henri VI. Ce mariage fut une tentative de paix entre la France et l’Angleterre. Celle-ci eut droit au Maine et à l’Anjou en compensation du manque de dot.
- La reine Elizabeth vient à la droite d’Édouard IV. Cela peut mieux se comprendre car elle était veuve et avait déjà des enfants… qui vont se faire tuer par l’ignoble Richard III.
La reine Elizabeth s’entend bien avec Marguerite d’Anjou.
Richard III le méchant veut mourir
Richard III vient en face de tout ce beau monde. Il veut mourir et tuer tout le monde, une manière d’exister comme une autre, un désir de postérité, inutile en cas de damnatio memoriae tout comme Erostrate. Le fait d’être laid est aussi une manière d’être vu de tous.Voici quelques réactions des autres représentants :
- Pour l’Angleterre, tout est bien et les femmes lui plaisent. Elle est sûrement encore satisfaite aujourd’hui avec Elisabeth II.
- En s’approchant d’Henri VI, Gloucester n’a pas envie de le tuer. En réalité, il a été tué sur ordre d’Edouard IV.
Anne, la belle-fille d’Henri VI, vient en face de Richard III qui a envie de la tuer. Quand Gloucester lui déclare son amour, elle ne le croit « pas trop ». Elle vient à sa gauche. Il déclare :
Je veux tuer tous les hommes pour être roi avec les femmes.
Il dit qu’il tue le père d’Anne parce qu’il aime sa fille. Anne a envie de s’allier aux autres femmes pour avoir la peau de Gloucester qui la tue.
La fin de Richard III
Vient la bataille et la mort de Richard :
- Richmond, qui vient se placer du côté des femmes, veut aussi à la fois le pouvoir et les femmes.
- Les spectres viennent hanter Richard III et cela l’affecte réellement.
Richard III est resté veuf cinq mois après la mort d’Anne.
En conclusion
On n’est pas méchant pour rien ; il existe toujours une bonne raison. Dans cette pièce, Richard III veut le pouvoir pour avoir les femmes. En testant qui représente Richard III, la réponse est William lui-même qui le rend responsable de la mort du père et du mari de sa femme et qui néglige la mort de sa femme Anne et de son fils. William nie ainsi les besoins et les motivations de Richard III en l’enrobant de beaux discours sur la raison de la tuerie. Les hommes accusent souvent les femmes d’être à l’origine de leur violence. Comme le précise le diction, ils ont bien deux cerveaux, le testicule droit et le testicule gauche.
Pour aller plus loin
- Le Tome XVII, La réforme, de WICLEF à LUTHER, un livre de Will Durand sur l’époque de la guerre des roses, de sa collection « Histoire de la civilisation ».
- Une traduction en anglais moderne de la pièce.
- Un article sur la découverte de son squelette dans un parking.
- L’avis d’Ostermeier sur le personnage de Richard.
Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire.