Jonas ou l’enfant battu

J’ai voulu comprendre l’histoire Biblique de Jonas, qui ressemble un peu à celle de Pinocchio.Condamné par Dieu, il se fait avaler par un gros poisson avant d’en sortir et de prévenir Ninive de la colère imminente de Dieu… puis il devient lui aussi colérique, Dieu ayant pardonné à ses futures ouailles repentantes. Quel est donc le message caché ?

L’histoire de Jonas

Voici un dessin représentant l’histoire et les liens entre personnages.Jonas est le fils d’Ammitthai et le Seigneur lui dit d’aller proclamer que les habitants de Ninive ont été méchants avec lui. Jonas n’a pas envie et s’enfuit dans un bateau, mais la tempête du Seigneur se déclare et Jonas est jeté à l’eau pour que la mer s’apaise. Avalé par un gros poisson, il est recraché après avoir prié son Seigneur bien-aimé et compatissant.

Il part alors à Ninive où les habitants apeurés décident de jeûner et de « crier vers Dieu ». Comme Dieu renonce à son châtiment. Jonas se met en colère contre son Dieu qui lui envoie d’abord un ricin pour le couvrir du soleil, puis un ver pour dessécher le ricin. Jonas commence à souffrir d’insolation et désire mourir lorsque Dieu lui fait la leçon pour justifier sa pitié envers les habitants de Ninive.

J’ai choisi comme personnages… Dieu, Ninive et un joker qui s’avèrera fort utile, un dieu de Ninive.

La constellation familiale de Jonas

Commençons par les plus anciens, Dieu et Ninive, ville célèbre de Mésopotamie.

Dieu, Ninive et… un autre Dieu

Le Dieu de la Bible vient au centre et se place sur une chaise, voulant être plus haut que les autres. Ninive n’en veut pas et veut son propre Dieu qui vient à sa droite. Les deux Dieux et Ninive sont placés ainsi.

Ninive respecte ainsi son dieu et celui de la Bible les respecte, étant placé à leur gauche, bien qu’il se soit perché sur une chaise. C’est sûrement une ruse car il veut prendre la place du Dieu de Ninive.

Jonas s’en va en bateau

Il vient en face de son dieu et le trouve « hautain et méchant ». Le seigneur lui dit :

« Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, et proclame que sa méchanceté est montée jusqu’à moi. »

  • Jonas se demande pourquoi ils sont méchants… et a envie de lui obéir, de l’aider à les punir. Il s’en va sur le bateau.
  • Dieu ne comprend pas ce qu’il fait. Sûrement que son ordre ou sa menace n’a pas été assez claire. Il envoie la tempête et trouve cela normal.

Jonas est jeté par dessus bord par le matelot et est dévoré par le gros poisson. Le poisson sans hémisphères obéit spontanément à Dieu qui se trouve un peu sévère. Il se dit que normalement il devrait représenter l’amour et la miséricorde. Jonas aimerait que son Dieu l’aide à sortir du poisson. Comme Dieu consent à le libérer sans le commander à nouveau, Jonas pense qu’il n’est pas si méchant que ça parce qu’il l’a libéré.

Jonas s’en va à Ninive

Dieu est plus précis sur sa consigne :

Dieu lui dit : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. » Jonas se leva et partit pour Ninive, la parcourut en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »

Jonas est d’accord pour les prévenir par compassion pour eux. Peut-être que si le premier message avait été plus clair il se serait épargné le voyage dans le poisson. Comme il se place en face de Ninive, leur Dieu a envie de partir en précisant.

Ils n’ont pas besoin de moi.

Les habitants de Ninive n’ont pas envie de se laisser faire et ne trouvent aucun intérêt à jeûner. « Jonas est seul et nous sommes 120 000 » et n’ont pas envie de demander des preuves. Dieu pense qu’en jeûnant, ils implorent son pardon en se faisant du mal. Il leur demande aussi de s’agenouiller devant sa chaise.

Dieu renonce à son châtiment

Jonas est content. « Ça a marché. J’ai servi à quelque chose ». Comme je lui demande de faire semblant d’être en colère. Je lui fais dire :

Je suis en colère car je savais très bien que tu étais tendre et miséricordieux.

Il n’y croit pas du tout. Continuons le texte :

Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère jusqu’à souhaiter la mort. »

Personne ne comprend le sens de cette déclaration.

Le ricin vient et se meurt

Jonas est content avec le ricin et Dieu est content de commander son monde. Il tue le ricin pour restester Jonas car il trouve que c’est un dur à cuir qu’il faut attendrir. Jonas ne comprend pas l’intention de Dieu et il a aussi de la compassion pour le ricin. Dieu lui répond :

« Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de leur gauche ? »

Dieu trouve que ce discours n’a aucun sens, tout comme Jonas. Ninive est triste de la mort du ricin. Dieu pense être implacable et qu’il ne supporte pas le moindre écart, dont la colère de Jonas. Comme Jonas a du mal à comprendre, il précise « je suis le seigneur et toi le serviteur« . Jonas pense que c’est du vent et qu’il s’en sort toujours, tant qu’il reste en vie.  Jonas pense : « tant qu’on ne me tue pas, on m’aime ». Dieu confirme qu’il n’a pas envie de le tuer.

En conclusion : la violence cachée de Dieu

La première loi d’une religion est de placer Dieu avant l’homme. La question est « si ton Dieu te demande te tuer un homme, que fais-tu ? » Jonas hésite et préfère l’homme à Dieu. Quelles sont les différences entre l’histoire et les réactions des représentants :

  • Jonas a envie d’obéir à son seigneur car il sait qu’il peut « frapper » dès le début. Tout comme un enfant battu.
  • Ninive n’a pas envie de se laisser faire et ne trouve aucun intérêt à jeûner.
  • Jonas n’est pas en colère contre Dieu qui annule sa sentence contre Ninive. Il n’a pas plus envie de mourir à cause de la mort du ricin.

Jonas est un enfant battu qui dit « même pas mal » car il pense que son persécuteur ne va pas le tuer. Il ne connaît pas la véritable bienveillance d’une personne qui prend soin de ses besoins. Il doit penser comme Nietzsche « tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » qui ne devait pas penser à la bactérie tréponème pâle.

Dans cette histoire, on nous fait croire que Dieu commande à la mer, au gros poisson, au ricin et au ver. Mais pour les hommes doués de raison, la menace est plus forte que la réalité. Dieu veut nous fait croire que l’on peut être en colère contre sa bienveillance, alors qu’il ne fait que montrer sa violence envers tous, ceux qui l’adorent et ceux qui ne l’adorent pas. Et il est seul à avoir le droit d’être en colère contre les « méchants ». Dieu serait-il schizophrène ?

Pour aller plus loin

Quelques lectures éclairantes :

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