Où placez-vous votre mort ?

Lors des dernières constellations familiales que j’ai animées est apparu 2 fois le thème de la mort. Les 2 fois, elle était à la gauche du représentant. Où est-elle ? Devant nous, à côté de nous ?

 J’ai très souvent observé qu’elle était devant…

Devant est la mort (la vie est souvent derrière, comme une maman qui nous a donné la vie) et derrière elle se place le destin. Notre mort fait partie de notre destin.

En voyant la mort en face, nous la voyons et l’acceptons. Les paroles prononcées à la mort sont alors :

Quand le moment sera venu, je serai prêt. D’ici là, regarde-moi avec bienveillance.

La mort peut être à côté

Nous avons la configuration suivante. La mort est à notre gauche et le destin en face.

L’importance de ce placement est que nous sentons alors notre mort qui est comme  une compagne. Proche d’elle, nous sommes plus calme et apprécions d’autant plus la vie qui est en nous.

Voici un texte de Bert Hellinger intitulé  Le visiteur

Dans un pays, très loin d’ici, où autrefois se trouvait l’Ouest sauvage, un homme marchait portant un sac à dos. La contrée était vaste et déserte et après avoir cheminé pendant des heures – le soleil était déjà haut et l’homme avait très soif – il aperçut une ferme à l’horizon. « Dieu soit loué ! », pensa-t-il, « enfin un être humain dans cette solitude. Je vais aller le saluer, lui demander à boire, et peut-être pourrons-nous nous asseoir un moment sur sa terrasse et bavarder un peu. Puis je poursuivrai mon chemin ». Et il se réjouissait déjà du moment agréable qu’il allait passer.

Mais en s’approchant de la ferme, l’homme vit le fermier s’affairer dans son jardin devant la maison et il eut des doutes : « ce fermier a sans doute beaucoup de travail et si je m’approche, je le dérangerai peut-être. Il pourrait même me trouver tout à fait sans-gêne ». C’est pourquoi, en passant devant la ferme, l’homme se contenta de saluer de la main et continua son chemin.

De son côté, le fermier l’avait vu venir de loin et se réjouissait : « Dieu soit loué ! », avait-il pensé, « enfin un être humain dans cette solitude. J’espère qu’il va entrer chez moi. Nous pourrons boire un verre ensemble, et peut-être nous asseoir sur la terrasse et bavarder un peu avant qu’il ne poursuive son chemin ». Et il était entré dans la maison pour mettre quelques boissons au frais.

Mais, au fur et à mesure que l’étranger approchait, il avait commencé, lui aussi, à avoir des doutes : « il est sûrement pressé, et si je l’invite à boire un verre, je l’importunerai peut-être. Il pourrait trouver que je m’impose. Mais peut-être aura-t-il soif et entrera-t-il de lui-même. Le plus sage sera de rester dans le jardin et de continuer à travailler. Là il me verra bien, et s’il a vraiment envie de passer un moment avec moi, il me le fera savoir ». Lorsque l’homme était passé devant la maison en se contentant de saluer de la main, le fermier avait pensé : « Quel dommage ! »

L’étranger avait donc continué à marcher. Le soleil était encore plus haut dans le ciel et le voyageur avait de plus en plus soif. De nombreuses heures passèrent avant qu’il n’aperçût une nouvelle ferme à l’horizon. Il se dit : « Cette fois je m’arrêterai, que je dérange ou non ! J’ai trop soif. Il me faut absolument à boire ». Le fermier l’avait vu lui aussi arriver de loin et se disait : « J’espère qu’il ne va pas venir chez moi, celui là ! Je n’ai pas le temps. J’ai autre chose à faire que m’occuper des autres ». Et il continua à travailler, sans lever les yeux.

Mais l’étranger le voyant dans son champ s’approcha et lui dit : « J’ai très soif. Peux-tu me donner à boire s’il te plaît ? » Le fermier pensa : « Je ne peux pas refuser. Je suis tout de même un être humain ». Il l’invita dans sa maison et lui servit à boire.

« J’ai vu ton jardin », dit l’étranger, « visiblement tu t’y connais en plantes, tu les aimes et tu comprends leurs besoins ». Ces paroles firent plaisir au fermier qui répondit : « Je vois que toi aussi, tu t’y connais ». Il s’installa près de lui et ils conversèrent longuement.

L’étranger finit pourtant par se lever et dit : « Il est temps que je reparte ». Mais le fermier lui répondit : « Regarde ! Le soleil descend déjà. Reste ici cette nuit ! Tu pourras continuer ton chemin demain. Bavardons encore un peu sur la terrasse ». L’étranger accepta l’invitation.

Ils passèrent ainsi la soirée, la vaste campagne étendue devant eux comme transfigurée par les dernières lueurs du crépuscule. Quand l’obscurité les enveloppa, l’étranger se mit à raconter combien le monde avait changé pour lui depuis qu’il s’était rendu compte qu’une présence l’accompagnait partout où il allait. Au début il n’avait pas trop osé se fier à cette impression d’avoir quelqu’un qui marchait à ses côtés, qui s’immobilisait quand lui-même s’arrêtait, et se levait quand lui aussi se levait. Il raconta au fermier qu’il lui avait fallu un certain temps avant de comprendre qui était cette présence qui ne le lâchait pas d’une semelle.

« Cette présence de chaque instant », dit-il, « c’est ma mort. Je m’y suis tellement habitué que je ne pourrais plus m’en passer. Elle est ma meilleure et ma plus fidèle amie. Quand je ne sais plus ce que je dois faire ou comment continuer, je m’arrête un instant et lui demande de me donner une réponse. Je m’en remets entièrement à elle, avec toute ma vulnérabilité. Je sais qu’elle est là – et moi ici. Et, sans m’attacher à un désir quelconque, j’attends qu’elle me fasse un signe. Si je réussis à me concentrer et à lui faire face avec courage, un mot me parvient comme un éclair illuminant ce qui était dans l’obscurité – et je vois clair ».

Ce furent des paroles étranges pour le fermier et son regard se perdit longuement dans la nuit sans qu’il prononçât une parole. Puis il sentit lui aussi une présence. C’était sa propre compagne, la mort, et  il s’inclina devant elle. Il lui sembla que ce qui lui restait encore dans cette vie était comme métamorphosé et rendu précieux, comme l’est l’amour qui sait qu’un jour viendra le moment des adieux, comme l’est amour plein jusqu’à ras bords.

Au matin les deux hommes déjeunèrent ensemble, et le fermier dit : « Bien que tu partes maintenant, tu resteras mon ami ». Ils sortirent et se serrèrent la main. L’étranger continua son chemin et le fermier retourna à son champ.

 Et vous, où situez-vous votre mort ?

Est-elle en face, à droite, à gauche ? Quelle position vous met-elle le plus en paix ?

Vous pouvez aussi lire l’article Choisit-on le moment de sa mort ? sur le blog Divinelumiere

6 réflexions au sujet de “Où placez-vous votre mort ?”

  1. Le texte du visiteur (ci-dessus) illustre effectivement très bien la sensation de calme liée au placement de la mort à ses côtés.

    Quand une angoisse pointe le bout de son nez j’utilise maintenant ce placement et je dois dire que cela me détend de suite.

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  2. Bonjour ,
    Comment svp aider une personne qui se détruit avec la cigarette , mais qui n’ arrive pas a s’en défaire.
    Merci pour votre aide .
    Paix et joie dans vos coeurs

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